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théatre de vanves - Page 2

  • Du sang, pas de larmes.

    L’histoire que raconte Marlowe, on la connait bien: le duc de Guise, la saint Barthelemy, la Reine Margot (merci Dumas, merci Chéreau!)…. On parvient à s’accrocher à l’intrigue (si l’on y tient), même ce texte déstructuré, caviardé de familiarités, secoué dans tous les sens, avec une ironie, une désinvolture, une aisance plutôt revigorante. Henri de Navarre ne parait ici pas si éloigné des chiens de Navarre (essayés et approuvés ici même). Sens et thèmes résistent à ce traitement: hypocrisie des jeux de pouvoir de tous temps, valse des pantins sur les trônes, religions instrumentalisées… . Mais s’il n’y avait que cela, ce serait juste moraliste, édifiant...

     

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    Il y a plus : l’énergie, de six jeunes gens qui bondissent de rôle en rôle en retournant leur veste, littéralement,  burlesques,  cette fois papistes, l’instant d’après parpaillots. Mais là encore ce serait (juste) distrayant, sympathique. Ce qui me fascine ici, c’est l’art et la manière de représenter du début jusqu’à la fin la violence sur scène, sans la reproduire, sans la montrer… Du massacre dès le titre, assassinats, batailles, viols, exterminations, intimidations,  tortures, attentats…. Sans trucages ni coups semblant échangés, mais tout en allégories et distance, jeux de mimes et procédés. De quoi en rendre l’évocation supportable, toujours inquiétante. Les linges blancs, maculés de rouges à grands coups de pinceaux, on rit jaune. Les batailles sont muettes, les passes à distance, on expire en silence, corps tombant à terre, juste des cris hors champs. Et surtout avec une grande évidence, même si elle stylisée: la soif de sang des bourreaux, jamais apaisée. Tout est très précisément chorégraphié. Sous le faux négligé du texte, apparait une grande rigueur dans le rythme et dans les gestes, au service d’un vrai théâtre visuel.  Pour dessiner, au-delà du prétexte de l’intrigue, du contexte, un portrait froid et pessimiste de l’humanité, de la jouissance inextinguible que lui procure la violence…

     

    C’était Massacre à Paris de Christopher Marlowe, mis en scène par Irène Favier, au Théatre de Vanves (où il n'y a pas que de la danse) jusqu’au 19 novembre.

    Guy

    photo avec l'aimable autorisation du théatre de Vanves


  • Retour aux classiques

    Un mercredi blanc de neige et Paris au bord de la paralysie: c’est le moment de se souvenir que le Théâtre de Vanves n’est qu’à cinq minutes du métro, donc le trajet le plus court pour repartir en Villégiature, même juste le temps d’une soirée… Cette pièce est admirable. Beaucoup le savent, depuis deux siècles et demi, même pour moi ce n’est pas une surprise: je partageais ici tout mon enthousiasme en 2009. Nous avons presque passé 2010 mais la crise s’accroche, Goldoni reste donc actuel plus que jamais (et pas moins que Copi), avec ses riches impécunieux prêts à tout pour sauver les apparences. Les revenus fondent, les dettes s’accrochent,  on tient malgré tout à partir en vacances quand même, tous esclaves de la ronde des modes et des convenances, et de  l’argent bien sur.  

    La mise en scène de ce soir semble le résultat- heureux à l’arrivée- d’un compromis, entre des tentations contemporaines (la stylisation de la première partie située en ville et jouée plaquée avec frénésie à l’avant-scène avant que le décor ne tombe pour ouvrir l’espace sur l’aisance et le calme de la résidence d’été,  les didascalies dites face au public, les changements de rôles sans artifice…) et une jubilation à jouer pleinement les personnages et les intrigues. La pièce ne s’en porte pas plus mal, énergique et rythmée. Et ne sont pas sacrifiés pour autant la clarté des situations, sous la drôlerie l’acuité des observations sociologiques. En vérité j’oublie la mise en scène et suis emporté, y crois (en particulier épaté par Filippo- Olivier Achard, la bonhomie et naïveté faite homme). Frustré pourtant que la trilogie soit amputée de l’épisode du retour, avant qu’il ne faille soi-même repartir dans le froid…

    Un peu bas que Vanves, sous encore plus de neige, se trouve Clamart, deux jours plus tard, pour Macbeth. Se pose à moi un cas de conscience, car à force d’être refroidi, je ne me trouve plus dans des conditions de santé propices pour apprécier cette fois ci la performance et moins encore pour en parler…  Mais impossible de ne pas tout de suite saluer l’énergie et l’enthousiasme de cette troupe qui sans décors ni budget visible, sur un plateau de salle des fêtes, ranime de force Shakespeare avec bruit et fureur. C’est un antidote efficace à la sinistrose culturelle ambiante !

     C’était la Villégiature de Goldoni, mise en scène par Thomas Quillardet et Jeanne Candel, vue au théatre de Vanves, et Macbeth de Shakespeare, mis en scène par Thomas Adam-Garnung à l’Espace saint Jo